Quatre morts tragi-comiques de rois français !
Nous avons pour habitude de parler des morts spectaculaires, comme celles sur les champs de bataille face à l'ennemi. Mais nous oublions parfois que certains sont morts de façon plus ou moins... déconcertante ! Je vous invite à travers l'histoire de nos rois de France, de Louis III à Henri II, à connaître leur vraie mort !
Mort contre un linteau : Louis III (879 à 882)
Ne pensez pas que Charles VIII est le seul roi de France à être mort contre un linteau de porte. En effet, son prédécesseur, le roi des Francs, Louis III a expérimenté le bois bien avant lui ! Cet incident survient le 3 août 882, après seulement 3 ans de règne, il a alors entre 17 et 19 ans (sa date de naissance étant approximative, entre 863 et 865). Quand bien même son règne fut bref, on lui doit tout de même deux éclatantes victoires contre les Vikings le 30 novembre 879 et en août 881.
Replongeons-nous en ce fameux jour du 3 août 882, Louis III est à cheval et rencontre la fille d'un seigneur Francs, nommé Germond. D'une beauté sans nom pour cette époque, il demanda grossièrement à la jeune fille de venir à sa rencontre. Celle-ci, offensée, prit la fuite et courut se réfugier chez son père. Il ordonna à son cheval de la suivre et entreprit de passer sous une porte entrouverte.
Mais lorsqu'il y pénétra, sa tête heurta le linteau de la porte. Le choc le fit reculer sur sa selle, qui lui brisa les reins. Il est alors transporté au couvent de Saint-Denis, mais il y meurt deux jours après, le 5 août 882. Louis mourait sans enfants, laissant ainsi Carloman, son frère, seul roi de Francie occidentale.
Les obsèques immondes de Guillaume le Conquérant
Personnage illustre de son temps, c'est un véritable homme fort du XIe siècle. Connu pour avoir fait de la Normandie en France, un duché puissant, doté d'une très bonne administration (création du Domesday Book) ; nous lui devons aussi de célèbres plans de guerre tactiques, qui lui ont permis d'être roi d'Angleterre sous le nom de Guillaume Ier (William Ist pour les Anglais). Dès lorsqu'on s'intéresse à la mort du plus célèbre des Normands, le charme opère beaucoup moins. En effet, pendant plusieurs jours, il agonise en toute lucidité à Rouen. D'ailleurs, il rédige sa succession en même temps. Il confie à son fils aîné Robert Courteheuse le duché de Normandie ; tandis que Guillaume Le Roux, son second fils, reçoit la couronne d'Angleterre ; quant à son troisième fils Henri (qui n'a que 19 ans), il reçoit une rondelette somme d'argent. Finalement, il meurt le 9 septembre 1087. Il est décidé de le transporter corps par la mer jusqu'à Caen.
Il faut aussi savoir que Guillaume est obèse et qu'il pèse très lourd ! Pour se moquer, ses ennemis ne cessent de demander "". Quoi qu'il en soit, la cérémonie a bien lieu à l'abbaye-aux-Hommes à Caen. Celle-ci est par ailleurs mouvementée.
Dans un premier temps un incendie se déclare, une partie de l'assistance déserte l'église. Puis un homme vient réclamer de l'argent car l'abbaye aurait été bâtie sur les terres de son père sans dédommagement du duc de Normandie. Puis, à la suite de ces événements perturbateurs, vient le moment de mettre Guillaume le Conquérant dans son cercueil, et ceci ne se déroule pas comme prévu...
Alors que le cadavre est descendu, on s'aperçoit que celui-ci est trop grand pour y entrer ! Le corps est alors plié et poussé, pour qu'il y rentre mais au même moment, son ventre éclate et laisse une odeur répugnante et nauséabonde se diffuser au sein de l'abbaye.
La fin de la cérémonie est bâclée, la seule idée en tête est de retrouver l'air frais ! Nous avons là une fin bien triste fin pour un homme tant aimé et détesté de son vivant.
Le cochon qui tua Philippe de France
En 1120, à l'âge de 4 ans, Philippe est fait successeur du Royaume des Francs. Puis, le dimanche 14 avril 1129 à l'âge de 13 ans, il est sacré à Reims au côté de son père, Louis VI le Gros, avec qui il sera associé.
Nous sommes le 13 octobre 1131 à Paris, rue du Martroi-Saint-Jean, Philippe de France se promène à cheval.
À cette époque, il était pour habitude de croiser des cochons en plein Paris, puisqu'ils avaient entre autres la fonction d'éboueurs mais aussi de réserve de nourriture pour les longs mois d'hiver. Alors que Philippe se rend à cheval à un rassemblement de nobles et de seigneurs pour combattre les seigneurs Vexin (nord-ouest de la France), un cochon fait peur à son cheval ! Le cheval se met alors à cabrer, le fait tomber et écrase le fils du roi Louis VI le Gros !
Il est transporté dans une maison voisine et Philippe meurt quelques instants plus tard. Il parait, selon les historiens, que cet accident soit à l'origine de l'interdiction de la divagation des porcs dans Paris. Cette loi ayant été mise en place en 1131.
Le fils ainé (Philippe de France) de Louis VI le Gros étant mort, c'est à son second fils d'hériter de la couronne de 1137 à 1180 sous le nom de Louis VII le Jeune.
La mort du roi Henri II
À l'instar de son père François Ier, Henri II est un roi parfaitement représentatif de la Renaissance française. C'est un homme qui aime la politique et les arts. Un homme qui aime la guerre (celle d'Italie notamment), mais aussi les réformes contre le protestantisme, qui mènent aux guerres de religion après sa mort. Une fin de vie mouvementée qui est survenue bien plus tôt que prévu.Nous sommes le 30 juin 1559, Henri II organise un tournoi rue Saint-Antoine à Paris à l'occasion d'un double mariage : celui d'Élisabeth de France avec Philippe II d'Espagne et de Marguerite de France, sœur du roi, avec le duc de Savoie. Ce tournoi a lieu rue Saint-Antoine, une rue aux dimensions exceptionnelles pour l'époque, dont on connaît aujourd'hui encore sa largeur remarquable de 21,50 mètres.
Le roi de France, second fils de François Ier, voulut combattre lui aussi, pourtant âgé de 40 ans. Mais la reine Catherine de Médicis, superstitieuse, est torturée par de mauvais pressentiments. Elle fait demander au roi de ne pas jouter. Têtu, il monte quand même sur son cheval, nommé "malheureux". Il y avait pourtant là des signes qui ne trompent pas... Mais la première passe est réussie pour le roi, qui accorde une dernière lance. Son adversaire est le comte Gabriel de Montgomery - capitaine de sa garde écossaise - il n'en mène pas large face au roi ! Les deux hommes s'élancent et au premier choc Henri II tombe.
Malgré un casque de protection, un copeau de bois de la lance qui venait de se casser contre son armure, tomba dans l'œil du roi. Il est alors transporté à l'hôtel des Tournelles, résidence royale toute proche. Les meilleurs chirurgiens sont alors dépêchés, dont François Pidoux et Ambroise Paré, ainsi qu'André Vésale, chirurgien particulier du roi d'Espagne.
Hélas, il est infecté et meurt le 10 juillet, dans d'atroces souffrances. Les entrailles et le cœur du monarque furent portés à l'église des Célestins, tandis que le corps était embaumé. Puis, le 13 août, le cortège funèbre se rendit à Saint-Denis. Il laisse derrière lui quatre jeunes fils, une veuve, Catherine de Médicis, et une maîtresse, Diane de Poitiers. Mais plus important, des tensions qui déboucheront sur les guerres de religion entre catholiques et protestants.
Par Enzo Guyot